Les Romanoff et leurs mariages après 1917
par Stanislaw Dumin, A.I.G. (Russie, Moscou)
II
Les autres mariages des Romanoff ont été contractés en émigration. Le Grand-Duc Boris Wladimirovitch se maria en Italie en 1919 avec une petite noble russe Zinaïde Rachevska (deux fois mariée et divorcée ; son deuxième mari était un marchand), et son frère André en 1921 en France (avec la permission de son frère aîné Cyrille, nouveau Chef de la MIR) à une ballerine Mathilde Kchessinska. Le Grand-Duc Dimitri Pavlovitch, en 1926, s’est marié avec une Américaine, Audry Emery (il a aussi reçu la permission du Chef de la MIR). Le Grand-Duc Alexandre Mikhaïlovitch a pensé à un nouveau mariage avec une étrangère, mais son épouse, la Grande-Duchesse Xénia Alexandrovna, n’a pas accepté le divorce. Contrairement à ces mariages des Grands-Ducs, ceux des jeunes Princes de sang en émigration en 1920-1930 ont été, d’habitude, assez aristocratiques. Parmi ces épouse : la Comtesse Cheremetieff (Prince Roman Petrovitch), la Princesse Paley, c’est-à-dire la fille du Grand-Duc Paul Alexandrovitch (Prince Theodor Alexandrovitch), la Comtesse Worontsoff-Dachkoff (Prince Nikita Alexandrovitch), Comtesse Golenistchev-Koutouzoff (Prince Dimitri Alexandrovitch), Princesses Golitsine (Princes Rostislav et Vassili Alexandrovitch), lady Mary Lygon, fille du Comte Beauchamp, lord anglais (Prince Vsevolod. Ioannovitch). Les Princesses de sang en majorité contractent des mariages avec des aristocrates russes (princes Golitsine, Orloff, Tchavtchavadze) ou étrangers (marquis Farace di Villafresta) ; et les premières exceptions viennent en 1921 avec le mariage de la Princesse Xenia Guéorguievna avec un Américain (William B. Lids) et celui de la Princesse Tatiana Constantinovna, veuve du prince Constantin Bagration-Moukhranski (de Moukhrani), avec le colonel russe Aleksandre Korotchentsov.
Dans les années 30 et après la deuxième guerre mondiale beaucoup de Romanoff ont divorcé. Leurs remariages seront encore moins prestigieux ; les nouvelles épouses des Princes sont d’habitude de simples Américaines, Australiennes, Anglaises etc., n’appartenant pas à la noblesse (et de même sont les mariages de la grande majorité de leurs descendants morganatiques dans les générations suivantes).
Le décret de l’empereur Cyrille le 28.07.1935 a établi que « dans le cas des mariages inégaux, mais légaux [c’est-à-dire ; autorisés par le Chef de la Maison] des Membres de la Famille Impériale, leurs femmes et leurs enfants ainsi que leur descendance reçoivent le titre et le nom des princes Romanovski, avec l’adjonction du nom de jeune fille de l’épouse de ce Membre de la Famille Impériale ou un autre nom de famille concédé par le Chef de la Maison Impériale de Russie, avec le prédicat d’Altesse Sérénissime pour l’épouse et pour l’aîné dans cette famille ». En vertu de ce décret ainsi que des autres actes des Chefs de la MIR en exil, « Genealogisches Handbuch des Adels » donnent aux descendants directs, mais morganatiques, de la dynastie le titre des princes Romanovski, avec l’adjonction des noms qui leur sont accordés. Ils sont cités dans la 3e partie du volume « princier » (Fürstlische Häuser), parmi les autres princes n’appartenant pas aux maisons dynastiques (tandis que les Romanoff-Holstein-Gottorpe sont présentés dans la première partie du même volume, ainsi que les autres maisons régnantes ou ex-régnantes). Mais il faut aussi signaler, que dans quelques cas leur droit pour ce titre n’est pas clair. Pour profiter de cette possibilité il serait nécessaire d’obtenir la permission individuelle du Chef de la MIR, tandis que les enfants des Romanoff issus de mariages non autorisés par le Chef de la MIR, du point de vue dynastique sont des bâtards.
Beaucoup de Romanoff s’adressent à Cyrille et à son fils Wladimir pour obtenir leur permission et d’habitude, des titres pour leurs épouses. Nous sont connus par exemple les concessions des titres pour l’épouse et le fils du Grand-Duc André Wladimirovitch (les Princes Romanovski-Krassinski, Altesses Sérénissimes), pour la femme du Grand-Duc Dimitri Pavlovitch et à leur descendance (princes Romanovski-Ilyinski, Altesses Sérénissimes), pour la première épouse du Prince Dimitri Alexandrovitch et pour sa fille (Princesses Romanovski-Koutouzoff, Altesses Sérénissimes), à la première épouse du Prince (le Grand-Duc depuis 1939) Gavriil Constantinovitch (Princesse Romanovskaya-Strelninskaya, Altesse Sérénissime), pour la première et la troisième épouses du Prince Wsewolod Ioannovitch (Princesses Romanovskaya-Pavlovskaya et Romanovskaya-Knust, Altesses Sérénissimes) et pour le fils du Grand-Duc Nicolas Constantinovitch (prince Iskander). Mais les titres des « Princes Romanff » ou même des « Princes de Russie », donnés dans les publications de J. Ferrand, de J.-M. Thiébaud et dans quelques autres éditions à toutes ces personnes issues de mariages morganatiques des Romanoff; c’est-à-dire que ceux qui n’appartiennent pas à la MIR, n’ont aucune valeur juridique et ne sont pas conformes au « Statut de la Famille Impériale ».
Parmi tous les Romanoff qui se trouvent en émigration après 1917, c’est seulement dans la branche de l’empereur en exil Cyrille que ses enfants et sa petite-fille ont continué la tradition des mariages dynastiques : la Grande-Duchesse Marie Kirillovna est mariée en 1925 avec S.A. le Prince Charle de Leiningen, plus tard 6e Prince-chef de cette maison médiatisée, et sa sœur Kira en 1938 épouse S.A.I.R. le Prince Luis-Ferdinand, futur chef de la Maison Impériale d’Allemagne et de la Maison Royale de Prusse. Leur frère ; le Grand-Duc Wladimir Kirillovitch, le chef de la MIR (en 1938-1992) est marié en 1948 avec S.A.R. la Princesse Léonida Bagration de Moukhrani, dont le père et le frère ont été les chefs de la Famille Royale et les prétendants légitimes au trône de Géorgie, et dont la famille a déjà été alliée aux Bourbons d’Espagne et aux Wittelsbachs de Bavière. Leur fille, la Grande-Duchesse Marie Wladimirovna, qui est le chef actuel de la MIR (depuis 1992), a été mariée en 1978 avec S.A.I.R. le prince François-Guillaume de Prusse ; devenu orthodoxe, il a reçu le titre de Grand-Duc et le nom de Mikhail Pavlovitch. En vertu des « Lois fondamentales », leur contrat de mariage de 1978, et des traditions des dynasties européennes, au fils unique de la Grande-Duchesse Marie et à son héritier le Grand-Duc George (Gueorgiï) Mikhaïlovitch (né en 1981) et à sa future descendance appartient le nom dynastique des Romanoff.